Nous relayons ici un article de Ouest-France, publié le 22 juillet 2021 : https://www.ouest-france.fr/sante/virus/coronavirus/covid-19-au-nepal-la-pandemie-provoque-une-augmentation-du-nombre-de-femmes-mortes-en-accouchant-7357558

Le contenu de cet article retrace bien la situation catastrophique dans laquelle se retrouve certaines femmes qui, craignant de contracter la covid, accouche chez elle mais y laisse malheureusement la vie.

 

Covid-19. Au Népal, la pandémie provoque une augmentation du nombre de femmes mortes en accouchant

Les professionnels de santé craignent que les décès maternels n’atteignent des niveaux jamais vus depuis vingt ans, au Népal. Par peur de contracter le coronavirus, de nombreuses femmes manquent les contrôles médicaux et optent pour l’accouchement à domicile.

Lakhu, 21 ans, a décidé d’accoucher chez elle, dans son village de l’extrême ouest du Népal. Elle avait peur de contracter le Covid-19 en se rendant dans un centre de santé. La jeune femme a perdu la vie en accouchant chez elle, raconte le Guardian.

Son cas n’est pas isolé. Depuis le début de la pandémie, les décès maternels sont montés en flèche au Népal. Selon le département de la santé, 258 femmes sont mortes des suites d’une grossesse ou d’un accouchement entre mars 2020 et juin 2021, contre 51 l’année précédente.

Les décès néonataux ont également augmenté, passant de 13 décès pour 1 000 naissances avant le covid à 40 décès pour 1 000 naissances pendant le premier confinement.

«90 % des femmes enceintes ne sont pas suivies »

Et alors que le pays est confronté à une deuxième vague, les professionnels de santé craignent que les taux de décès maternels n’atteignent des niveaux jamais vu depuis vingt ans. D’autant plus que les services de maternité étaient déjà fragiles au Népal avant la pandémie. La profession de sages-femmes n’existant pas, les femmes accouchent avec l’aide d’infirmières auxiliaires ou d’accoucheuses expérimentées.

« Normalement, environ 45 femmes viennent pour des contrôles prénataux dans notre centre de santé. Mais depuis avril, plus de 90 % des femmes enceintes ne sont pas suivies », déclare Urmila Acharya, infirmière à Dhaulagoha, dans l’ouest du Népal.

À l’hôpital Bayalpata, le seul centre médical bien équipé de la région, le personnel a constaté une baisse considérable des examens prénataux et des accouchements au cours des quatre derniers mois. « 90 % des femmes ont cessé de venir pour des examens et peu sont venues pour des accouchements », a déclaré le Dr Mandeep Pathak, directeur de l’hôpital.

L’hôpital accueille généralement deux à trois accouchements par jour, principalement des cas critiques envoyés par les postes de santé ou les hôpitaux de district. « Je travaille dans cet hôpital depuis cinq ans et j’ai observé de près la situation de la santé maternelle dans ces régions. Je n’ai jamais vu de femmes enceintes aussi vulnérables qu’aujourd’hui. C’est comme avant l’an 2000 », a déclaré Mandeep Pathak au Guardian.

« Les femmes enceintes sont plus vulnérables »

Avant 2000, le Népal avait un taux de mortalité maternelle de plus de 500 décès pour 100 000 naissances. Au cours des deux dernières décennies, ce chiffre est tombé à 186. Les Nations unies ont fixé un objectif mondial visant à réduire cet indice à moins de 70 d’ici 2030.

« Les décès maternels ont sensiblement augmenté en raison de la crainte du coronavirus et du manque de transport pendant le confinement », a déclaré Punya Poudel, chef de la section de la santé maternelle et néonatale au ministère de la Santé. « Nous savons que les femmes enceintes sont plus vulnérables dans cette pandémie » a-t-elle ajouté.

« Le problème est que le gouvernement n’a transmis qu’un seul message principal au public : le virus est dangereux et les gens doivent rester chez eux » confie Sangeeta Kaushal Mishra, la directrice de l’hôpital pour femmes Paropaka, à Katmandou. « Nous n’avons pas pensé aux femmes enceintes » déplore-t-elle. « Nous n’avons pas fait passer un message distinct aux femmes enceintes pour leur dire qu’elles devaient se rendre régulièrement à l’hôpital et y accoucher ».

(photo d’illustration : Au Népal, 258 femmes sont mortes des suites d’une grossesse ou d’un accouchement entre mars 2020 et juin 2021 (Photo d’illustration). | ARUN SANKAR / AFP)